C’est quoi, exactement, la philosophie ?

Les premières traces de pensées philosophiques datent d’il y a 2 500 ans. Elles nous viennent de la Grèce antique et de penseurs qui, de nos jours, seraient considérés comme des scientifiques. Par exemple, les textes d’Aristote regroupés sous le titre Métaphysique, doivent leur nom au fait de succéder à d’autres appelés Physique, dans lesquels il s’efforçait de comprendre le fonctionnement de la nature. Ce sont les prémisses de la pensée scientifique et rationnelle.

Dans le langage courant, “notre philosophie” renvoie souvent à notre vision du monde, à nos croyances profondes ou à nos principes directeurs. Toutefois, la philosophie, telle que perçue par les philosophes, qu’ils soient antiques, modernes ou contemporains, dépasse la simple croyance. Elle est à la fois une méthode d’investigation axée sur l’argumentation et le raisonnement, et une volonté de conceptualiser, c’est-à-dire d’identifier les caractéristiques communes de phénomènes similaires.

La philosophie, mère de toutes les disciplines

Le terme “philosophie” vient du grec “philosophia”, qui signifie “amour de la sagesse”. Avec le temps, le sens s’est infléchi pour devenir synonyme d’une enquête profondément rationnelle. La philosophie ne se réduit donc pas à un ensemble de doctrines, mais elle est aujourd’hui, une méthode d’exploration rationnelle. Le mot grec “logos”, qui signifie “raison”, est absolument central dans cette discipline et a donné naissance à des termes scientifiques comme psychologie, biologie ou cosmologie. Historiquement, tous ces domaines étaient inclus dans la philosophie, c’est pour cette raison qu’aujourd’hui, le prestigieux titre académique “Ph.D” aux États-Unis continue de signifier “Docteur en Philosophie”.

Bien que certaines sciences se soient détachées de la philosophie dans leur fonctionnement quotidien, les grands scientifiques ont toujours maîtrisé la pensée philosophie. Par exemple, Einstein a lu Kant à 15 ans et Carlo Rovelli a écrit sur Anaximandre. Lorsqu’il s’agit d’aborder des concepts abstraits, difficilement compréhensibles, sciences et philosophie vont de pair.

Certaines questions demeurent intrinsèquement philosophiques et font l’objet de recherches actuelles. La philosophie n’est pas seulement une “histoire de la philosophie”, aussi géniale soit-elle, mais une pratique vivante que The Philosophers’ Society aimerait contribuer à démocratiser et vulgariser.

Philosopher, c’est enrichir sa pensée en la mettant en marche

Alors, pourquoi étudier la philosophie aujourd’hui ? Outre l’enrichissement intellectuel (qui pourrait être une justification à lui seul !) la philosophie continue d’offrir une perspective unique pour qui souhaite donner une autre dimension à ses idées et  à sa pensée.

En comprenant le fonctionnement d’une conception du monde différente de la nôtre, nous sommes mieux armés pour exprimer la nôtre. Mais, philosopher, c’est aussi apprendre à penser “contre soi”, remettre en question nos premières impressions (ce que les philosophes appellent “la doxa”) et éviter de faire de nos convictions une partie intangible de notre identité. Philosopher, c’est enrichir notre point de vue en repensant ses contours et son contenu. 

La philosophie nous pousse à mettre nos idées en marche. Elle est à la fois la route et son cadre. La dialectique (vous vous souvenez, ce fameux plan “oui-non-et-en-même-temps” parfois utilisé de manière fumeuse dans les dissertations de Terminale) devient le moteur de notre pensée qui au furet mesure qu’elle avance devient à la fois plus riche et plus structurée. Que trouve-t-on au bout de cette route ? Certainement pas des réponses définitives, mais une version raffinée, structurée et subtile de ce que nous sommes.

La philosophie est bien plus qu’une simple méditation sur la vie. C’est une exploration fascinante qui nous offre des éclairages et des jalons précieux sur notre manière d’être au monde.